La société de transports en commun bruxelloise, la STIB, se rend coupable de discrimination. C’est en tout cas en ce sens qu’a statué le 3 mai dernier le tribunal du travail, en considérant que Madame T. , musulmane et voilée, avait été doublement discriminée par la STIB : directement, sur base de ses convictions religieuses, et indirectement, sur base de son genre. Une analyse partagée d’ailleurs par la Ligue des droits humains et Unia, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances. En cause, le « foulard » porté par Madame T., qui aurait entraîné le refus par la STIB de l’embaucher.
Et il n’a pas fallu longtemps pour que la coprésidente d’Ecolo, Rajae Maouane, enfonce le clou, exigeant que ce jugement fasse jurisprudence : « C’est dans notre programme, il est clair, a-t-elle déclaré. Ecolo est favorable à ce qu’on autorise le voile dans l’administration, sauf pour les fonctions d’autorité. La question, ici c’est une question de droits des femmes, de droit à disposer de son corps, de pouvoir s’habiller comme on l’entend. »
MAIS QUI DIT AUX FEMMES COMMENT S'HABILLER ?
Et là, tout à coup, j’ai vu la lumière. Évidemment, comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ? ! Elle a raison, Rajae, et mille fois : les femmes doivent pouvoir s’habiller comme elles le veulent, personne n’a à leur dicter leur tenue, leur corps leur appartient, comment peut-on même imaginer, au XXIe siècle, contester cette évidence ? Ne vit-on pas dans des sociétés démocratiques, où la liberté doit être la règle ? Comment peut-on tolérer qu’il y ait encore des autorités qui prétendent contrôler le corps des femmes, leur dire ce qu’elles peuvent ou non porter, franchement ?
C’est pourquoi je porte plainte à mon tour, et incite chaque femme à le faire comme moi, devant toutes les juridictions compétentes, à Bruxelles, en Belgique et partout ailleurs dans le monde, contre tous ces imams, ces « savants de l’islam », ces ayatollahs, ces muftis et autres prédicateurs, qui répandent partout leurs injonctions, prétendant dicter aux femmes comment s’habiller pour être pudiques, respectables, mariables ; quel usage faire de leur corps pour ne pas offenser un Dieu jaloux, manifestement phallocrate, misogyne et sexiste.
Et tant qu’on y est, contre tous ces curés, ces prêtres, ces rabbins, ces popes, ces évêques qui briment nos corps et traquent notre plaisir à coups d’anathèmes et d’interdits.
DIEU AU TRIBUNAL
Peut-être d’ailleurs faudra-t-il aller plus loin encore, et traduire Dieu lui-même devant les tribunaux, sous tous ses avatars monothéistes… Yahvé, Dieu, Allah : je porte plainte contre vous ! Arrêtez de vous cacher, montrez-vous enfin et reprenez le contrôle de vos troupes, qui, si vous me passez l’expression, ne cessent de partir en c…, depuis que vous êtes remonté vous coucher après avoir nonchalamment donné quelques ordres.
Dites-leur enfin, si vous n’êtes pas vous-même ce vieux macho frustré qu’ils nous brandissent jusqu’à l’indigestion, de nous lâcher la grappe, à nous les femmes, autant qu’ils la lâchent aux hommes : nous ne sommes pas de petites choses inférieures et fragiles qu’il faut protéger en nous faisant porter des vêtements pudiques, en nous interdisant des activités qui pourraient nous mettre en danger, et en deux mots en nous surveillant dans nos moindres faits et gestes et en cadenassant nos libertés à grands coups d’interdits plus grotesques les uns que les autres. Nous sommes les égales des hommes, nom de Dieu !